Si le CDI de chantier est un contrat de travail très répandu dans le BTP, il commence néanmoins, à se développer dans d’autres domaines. Destiné à durer le temps d’un chantier, que celui-ci s’étende sur quelques semaines, mois ou années, le CDI de chantier présente de multiples avantages pour l’employeur et le salarié. Son seul inconvénient est de prendre fin à l’achèvement du chantier. Vous souhaitez en savoir plus sur ce type de contrat qui vous est encore inconnu ? LegalVision vous donne toutes les informations essentielles dans cet article ! Vous avez d’autres questions ? N´hésitez pas à nous contacter !
Sommaire
La mise en place du CDI de chantier
La conclusion du CDI de chantier
Prolongation du contrat au-delà de la durée du chantier
La fin de CDI de chantier
Les avantages et inconvénients du CDI de chantier
Le CDI de chantier : définition et caractéristiques
Le CDI de chantier : définition
Le CDI de chantier (ou contrat de chantier BTP) est un contrat de travail conclu entre un employeur et un salarié du secteur privé dans le but de réaliser une mission, à savoir un chantier ou une opération. Ce type de contrat est donc très utile dans le BTP pour recruter des salariés en adaptant le contrat de travail aux spécificités du secteur.
La durée d’un CDI de chantier est corrélée à l’avancée du chantier. Autrement dit, le CDI de chantier prend fin au moment de l’achèvement du chantier. Par conséquent, lorsque le chantier est terminé, le contrat de travail est donc rompu de plein droit, donnant au salarié le droit de percevoir une indemnité de licenciement lorsqu’il remplit les conditions, et non plus une indemnité de précarité, spécifique au CDD.
Attention : si le CDI de chantier est un CDI, il reste spécifique. Par conséquent, il doit être spécifié précisément dans le contrat de travail la raison de ce recours (l’accomplissement d’un ouvrage) au risque de se voir requalifier en CDI.
Le CDI de chantier : caractéristiques
Ce type de contrat de travail permet à un employeur de recruter des salariés pour faire face à un besoin ponctuel de main d’œuvre afin de réaliser un ouvrage, sans pour autant recruter le salarié en CDI classique ou en CDD (dont la durée est par définition déterminée). En effet, la date d’achèvement de la réalisation d’un ouvrage ou de travaux est nécessairement difficile à anticiper.
La durée du CDI de chantier se calque donc sur l’avancée du chantier. La fin du chantier est un motif de rupture justifiée du contrat pour cause réelle et sérieuse. L’employeur se doit de suivre la même procédure que pour un CDI classique (entretien préalable et respect des règles de formes, le préavis, etc.).
Il revient à la convention collective ou, à défaut, à l’accord d’entreprise de fixer les conditions dans lesquelles il est possible de recourir à un contrat de chantier ou d’opération.
En l’absence de telles dispositions conventionnelles prévoyant sa mise en œuvre, il est toutefois possible d’y recourir dans les secteurs où son usage est habituel et conforme à l’exercice de la profession (entreprise de BTP).
Bon à savoir : la période d’essai retenue pour un contrat de chantier ou d’opération correspond à la période prévue pour un CDI.
La transformation d’un CDI chantier en CDI : est-ce possible ?
Le CDI de chantier peut tout à fait être transformé par la suite en CDI classique, si l’entreprise a, par exemple, plusieurs chantiers étalés dans le temps qui nécessite le recrutement en CDI.
De la même manière, il est également possible de recourir à un CDD de chantier, dès lors qu’il est précisé le motif de ce recours qui doit respecter les cas prévues par la loi, au risque de se voir être requalifié en CDI classique. Il peut notamment s’agir d’un accroissement temporaire de l’activité de l’entreprise, du remplacement d’un salarié absent, etc.
A la suite d’un CDD, le salarié peut également être embauché sous la forme d’un CDI de chantier.
Bon à savoir : le salarié, licencié à la fin d’un contrat de chantier ou d’opération peut également bénéficier d’une priorité de réembauche en CDI au sein de l’entreprise, si une convention collective, un accord collectif ou un accord de branche d’entreprise ou d’établissement le prévoit.
La mise en place du CDI de chantier
Le contrat de chantier ou d’opération n’est pas universel. Il ne peut être utilisé :
- que si une convention ou un accord collectif de branche étendu fixe les conditions dans lesquelles il est possible d’y recourir ;
- à défaut, il peut l’être « dans les secteurs où son usage est habituel et conforme à l’exercice régulier de la profession qui y recourt ».
Le CDI de chantier prévu par accord collectif de branche étendu
Pour qu’un CDI de chantier puisse être mis en place, il faut qu’une convention ou un accord collectif de branche étendu le prévoit.
En outre, la convention ou l’accord collectif doit prévoir :
- la taille des entreprises concernées (en d’autres termes, la convention de branche peut très bien réserver le contrat de chantier et d’opération à des entreprises de petite taille) ;
- les activités concernées (comme dans les CDD d’usage, toutes les activités d’une entreprise ne pourront pas être soumises au contrat de chantier ou d’opération, par exemple, les emplois administratifs resteront soumis aux règles de droit commun) ;
- les mesures d’information du salarié sur la nature de son contrat ;
- les contreparties en termes de rémunération et d’indemnité de licenciement accordées aux salariés ;
- les garanties en termes de formation pour les salariés concernés ;
- les modalités adaptées de rupture de ce contrat, dans l’hypothèse où le chantier ou l’opération pour lequel ce contrat a été conclu ne peut pas se réaliser ou se termine de manière anticipée.
Ces dispositions conventionnelles permettront, en effet, d’éviter un certain nombre de litiges.
Secteurs où le contrat de chantier est de pratique habituelle
Les secteurs les plus connus pour pratiquer le contrat de chantier sont :
- le bâtiment et les travaux publics ;
- l’ingénierie, notamment pour les prestations à l’étranger ;
- la réparation navale ;
- la construction mécanique ;
- l’informatique ;
- le cinéma ;
- la recherche universitaire.
Cette énumération n’est pas exhaustive. Le juge ne peut se contenter de constater que l’activité de l’entreprise ne figure pas sur cette liste. En effet, il doit rechercher si la pratique du contrat de chantier est ou non habituelle dans le secteur considéré.
La conclusion du CDI de chantier
Le CDI de chantier est un CDI spécifique. Il convient alors de voir pour quelles raisons.
Le CDI de chantier : les modalités
La façon de conclure un contrat de chantier ne diffère pas fondamentalement de celle d’un CDI classique. En effet, comme pour le CDI, il suit le formalisme habituel d’un contrat écrit, auquel il conviendra de rajouter certaines clauses spécifiques :
- avant toute chose, veillez à bien mentionner le type de contrat : « contrat de travail à durée indéterminée de chantier » ;
- définissez ensuite la nature du poste, le lieu (ou les lieux) du ou des chantier(s) ainsi que les modalités claires et précises de la fin de contrat ;
- enfin, n’oubliez pas de préciser certaines clauses qui vous paraissent utiles (période d’essai, clause de non-concurrence, de confidentialité, de polyvalence, etc…).
- il est aussi à noter que ce contrat peut être conclu à temps plein ou à temps partiel.
Le salarié en CDI de chantier bénéficie des mêmes droits que les autres salariés présents dans l’entreprise. Il a droit aux congés payés, au paiement des heures supplémentaires, à la formation professionnelle, etc.
Votre avez encore des doutes sur un de vos salariés et vous désirez renouveler sa période d’essai ? Consultez notre site !
Les particularités du contrat de CDI de chantier
L’intérêt du contrat de chantier ou d’opération, est de pouvoir sans risque, procéder au licenciement du salarié lorsque le chantier est terminé. Or, selon les juges, « l’achèvement d’un chantier constitue une cause de licenciement si le contrat a été conclu pour la durée de ce chantier peu important qu’une durée estimée de ce chantier ait été mentionnée dans le contrat et que cette durée ait été dépassée »
Il est alors important d’indiquer :
- que le salarié doit avoir connaissance du fait que son contrat, bien qu’à durée indéterminée, n’est prévu pour durer que jusqu’à la fin du chantier sur lequel il est appelé à travailler,
- que l’employeur n’est pas tenu d’indiquer la durée prévisible du travail à accomplir, mais que, s’il le fait, et même s’il indique une date, le contrat n’en devient pas pour autant un contrat à durée déterminée. Ainsi, même si l’employeur a sous-estimé ou surestimé le temps nécessaire, la faculté de licencier à l’issue du chantier n’en est pas affectée.
Prolongation du contrat au-delà de la durée du chantier
Qu’en est il du cas où le salarié serait muté de chantier en chantier ? Les négociateurs de la convention de branche peuvent prévoir une telle possibilité. Aucune disposition d’ordre public n’interdit en effet d’envisager la succession de chantiers. Cependant, il semble indispensable, dans ce cas, de prévoir la signature d’autant d’avenants au contrat de travail qu’il y aura de chantiers successifs.
Néanmoins, en ce qui concerne les secteurs où ce contrat constitue une pratique habituelle, la jurisprudence considère que le salarié qui a été gardé dans l’entreprise pour effectuer des travaux sur d’autres chantiers est devenu un salarié permanent, doté d’un CDI de droit commun, à moins qu’il n’ait été d’emblée embauché pour plusieurs chantiers.
La fin de CDI de chantier
Lorsqu’un salarié en CDI de chantier se voit rompre son contrat de travail, les règles de droit commun doivent être respectées.
Le licenciement du salarié en contrat de chantier
Selon les juges, la rupture du contrat de chantier ou d’opération qui intervient à la fin du chantier ou une fois l’opération réalisée repose sur une cause réelle et sérieuse.
Cependant, si le contrat est rompu avant, le licenciement pourra être considéré par les juges comment étant injustifié. Les conséquences pourront donc être lourdes pour l’employeur.
Lorsque le contrat de chantier prend fin, c’est la procédure de licenciement pour motif individuel appelé « pour fin de chantier » qui s’applique.
Vous devrez alors veiller à respecter un minimum la procédure en :
- convoquant le salarié à un entretien préalable. La convocation doit être faire par lettre recommandée avec accusé de réception ou remise en mains propres contre décharge.
- le recevant en entretien ;
- tentant de le reclasser sur les autres chantiers de l’entreprise comme pour le licenciement pour motif économique. Ce reclassement est obligatoire uniquement s’il est prévu par la convention collective.
- lui notifiant le licenciement par lettre recommandée avec accusé de réception (2 jours ouvrables après l’entretien) ;
Vous souhaitez démarrer une procédure de licenciement ? Consultez notre site !
Les conséquences d’un licenciement du CDI de chantier
Le salarié licencié en raison de la fin du chantier ou de l’opération pour lequel il a été recruté a droit au préavis légal ou conventionnel selon son ancienneté.
De même, il doit percevoir la même indemnité de licenciement que celle qui lui serait due pour la rupture d’un contrat à durée indéterminée de droit commun, à moins que la convention de branche étendue ou un accord d’entreprise plus favorable ne lui attribue une indemnité plus avantageuse.
Enfin, la convention ou l’accord étendu autorisant le recours au contrat de chantier ou d’opération peut faire bénéficier le salarié d’une priorité de réembauchage. Ces dispositions conventionnelles doivent alors fixer le délai et les modalités d’exercice de cette priorité.
Les autres modes de rupture du contrat CDI de chantier
CDI de chantier et démission vont de paire : le salarié peut démissionner de son CDI de chantier, s’il respecte les règles de démission d’un CDI classique.
En revanche, la notion de rupture conventionnelle n’existe pas dans le CDI de chantier, contrairement au CDI classique.
Les avantages et inconvénients du CDI de chantier
- offre une meilleure sécurité juridique pour l’employeur et le salarié, comparé à un simple CDD,
- qu’il soit à temps plein ou à temps partiel, il ne comporte pas de limite de temps. Il peut être utilisé pour des missions courtes ou très longues sur plusieurs années.
- il apporte aussi une grande flexibilité et souplesse lorsqu’il est impossible de définir la date de fin du chantier.
Concernant les inconvénients :
- une procédure stricte est mise en place pour licencier le salarié en CDI de chantier. En effet, la procédure de licenciement de droit commun doit être respectée. Peuvent également être prévues par la convention collective de branche étendue des spécificités supplémentaires comme l’obligation de reclassement par exemple.
- le salarié peut connaître une incertitude, dans la mesure où il ne sait pas combien de temps va durer le chantier sur lequel il travaille.
Sources
Articles :
- L.1223-8 du Code du travail relatif à la convention ou l’accord collectif de branche étendu ;
- L.1223-9 du Code du travail relatif au contenu de la convention ou de l’accord collectif de branche étendu.
3 commentaires
Bonjour j’ai eu un cdi de chantier qui a commencé le 15 juin 2020 j’ai commencé à faire de la maçonnerie et coffrages je précise je suis maçon coffreur carreleur jusqu’au 18 octobre 2020 le patron m’a envoyé un message pour me dire que mon contrat s’arrête aujourd’hui j’aimerais savoir s’il a le droit de me faire ça et quel sont mes droits . Merci d’avance
Bonjour,
Dans le cadre d’un contrat de chantier, le salarié est embauché spécialement pour la réalisation d’une mission, dont la durée n’est pas connue à l’avance par l’employeur. La fin du chantier ou la réalisation des tâches contractuelles définies dans le contrat constituent un motif spécifique de rupture du contrat. Ainsi, la rupture du contrat de chantier ou d’opération qui intervient à la fin du chantier ou une fois l’opération réalisée, repose sur une cause réelle et sérieuse.
Cependant, une certaine procédure doit être respectée :
La rupture du contrat de chantier ou d’opération est de ce fait soumise à la procédure applicable au licenciement pour motif personnel :
– convocation de salarié à un entretien préalable. La convocation doit être faire par lettre recommandée avec accusé de réception ou remise en mains propres contre décharge.
– réception en entretien ;
– tentative de reclassement sur les autres chantiers de l’entreprise comme pour le licenciement pour motif économique. Ce reclassement est obligatoire uniquement s’il est prévu par la convention collective.
– notification du licenciement par lettre recommandée avec accusé de réception (2 jours ouvrables après l’entretien)
En espérant avoir pu vous aider.
Bien à vous.
Bonsoir
Le chantier n’est pas terminé mais mon contrat arrive à échéance
Mon employeur m’a envoyé un avenant de prolongation de mon contrat de chantier.
Si je ne souhaite pas le renouveler ai je les même droits que pour une fin de chantier en terme d’indemnisations